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charmé de ce départ ; il en fut de même de Meerum, qui se sentit plus libre, et se livra sans contrainte à tout l’emportement de son humeur.

Dès l’année précédente, avant son départ de Patna, Meerum avait déjà semé les germes d’une guerre nouvelle. L’injustice et la violence de ses procédés à l’égard de quelques uns des principaux officiers de la province avaient poussé ceux-ci à la révolte ; ils s’engagèrent réciproquement à soutenir les prétentions du Shah-Zada, dans le cas où ce dernier se déterminerait à tenter une nouvelle invasion. Plusieurs zemindars voisins entrèrent dans le complot. Le nabob de Poorania, ennemi mortel de Meerum, qui avait voulu le faire assassiner, levant l’étendard de la révolte, entra le premier en campagne ; il invita le prince à venir le joindre, mais la destinée de celui-ci touchait en ce moment même à une crise inattendue. Les Afghans s’étaient mis en marche sur Delhi, et le visir dans la crainte qu’ils ne parvinssent à s’emparer de la personne de l’empereur, fit mettre à mort le malheureux Alumgeer. Cette nouvelle atteignit le Shah-Zada au moment où il entrait dans la province de Bahar : le jeune prince prit immédiatement le titre d’empereur et le nom de Shah-Alaum, et conféra la dignité de visir à Suja-Dowlah, le nabob d’Oude. L’autorité impériale, bien que depuis long-temps dépouillée de toute réalité, n’en conservait pas moins tout son prestige sur les imaginations : l’empereur était annulé, mais le trône brillait encore de tout son