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visir m’écrit pour me prier d’engager le nabob à acquitter le tribut comme il l’avait fait précédemment ; de plus, des propositions m’ont été faites de la part de la cour de Delhi pour que je me chargeasse de percevoir moi-même ce revenu. La personne à qui appartient cette charge est appelée le dewan du roi, et vient immédiatement après le subahdar en pouvoir et en dignité. Toutefois, j’ai décliné pour le moment cette offre, ne voulant donner au subahdar aucun sujet de jalousie ou de mécontentement, surtout dans l’incertitude où je suis que la Compagnie soit en disposition de nous accorder des forces suffisantes pour remplir convenablement un emploi de cette importance, qui nous ouvrirait, sans contredit, le chemin à devenir nous-même nabob. Que cela fût agréable au grand Mogol, on ne saurait le mettre en question, tant il est dans ses intérêts d’avoir ces provinces sous le gouvernement d’une nation renommée par sa bonne foi, plutôt que dans les mains de gens qui ne lui paient jamais la part qui lui revient dans les revenus, ainsi qu’une longue expérience l’en a convaincu, à moins qu’ils n’y soient déterminés par la crainte d’une armée en marche pour les y contraindre.

« Une souveraineté aussi étendue est peut-être un objet d’ambition trop élevé pour une simple Compagnie commerciale, et il y aurait à craindre qu’elle ne fût pas en état, il moins d’y être aidée par la nation, de maintenir une domination tellement vaste. C’est pour cela, monsieur, que j’ai pris la li-