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Sing ; le nabob d’Oude, son proche parent et le plus puissant chef de l’Indostan, étaient ses soutiens et ses alliés ; ils joignirent leurs troupes à toutes les nouvelles levées qu’il venait de faire. Le nabob d’Oude se montrait d’autant plus zélé pour l’entreprise, qu’ils se proposait d’en tirer doublement parti : d’abord. d’obtenir une aussi grande part que possible dans les dépouilles du Bahar et du Bengale ; puis de s’emparer, par force ou par ruse, si l’occasion s’en présentait, du fort d’Allahabad. À la tête de ses confédérés, le Shah-Zada passa la Carumnassa, rivière qui fait la frontière de la province de Bahar, vers la fin de l’année 1758 ; il se dirigea aussitôt sur Patna.

Meer-Jaffier était mal préparé à repousser une invasion : son trésor était épuisé par les grandes sommes dont il avait dû payer les services des Anglais ; désordre était au comble dans son administration ; la multitude de bandits qui composaient son armée ne lui inspirait aucune confiance. Toutes ses espérances reposaient alors sur ces mêmes Anglais dont il aspirait naguère à se délivrer. Mais la présidence de Calcutta, en raison de l’expédition dans les Circars du Nord, n’avait elle-même que fort peu de troupes disponibles ; encore fallait-il du temps pour les rassembler. La fidélité de Ramnarain ne tenait depuis long-temps qu’à la confiance que Clive avait su lui inspirer ; il lui avait écrit : « Je ne me fie qu’à vous, qu’à vous seul[1]. » Meer-Jaf-

  1. Vie de Clive, t. I, p. 597.