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et les suivants du camp, dépassaient, assure-t-on, le chiffre de 200,000. Des actions journalières eurent lieu pendant quelques jours entre les Mahrattes et les Afghans ; l’avantage demeura souvent aux premiers. Ils firent plusieurs tentatives pour pousser Ahmed-Shah à une action générale, celui-ci s’y refusa constamment : il savait que la disette la plus extrême se faisait déjà sentir chez ses ennemis ; et il différait de les attaquer jusqu’au moment où elle les aurait suffisamment affaiblis. Habitués depuis long-temps à une grande abondance, les Mahrattes étaient devenus incapables de supporter les privations : une meurtrière épidémie éclata parmi eux ; et bientôt la faim et la maladie réunies moissonnèrent plus de victimes que ne l’aurait pu faire le sabre des Afghans. Holkar, ayant noué des négociations avec Ahmed-Shah, voulait éviter pendant quelque temps encore une action décisive ; mais il n’était personne dans le camp qui n’aspirât au moment de combattre. De toutes parts les soldats s’écriaient que mieux valait la mort du champ de bataille que les angoisses et les tourments de la faim où ils se consumaient ainsi que leurs familles. Les chefs, assemblés par le Bhow, furent de l’avis des soldats. Le Bhow rompit le conseil avec les cérémonies ordinaires, c’est-à-dire en distribuant le betel. Des ordres furent donnés pour le combat du lendemain, et le peu de grains qui restaient dans les magasins distribués aux troupes, dans l’espérance qu’une nourriture dont ils étaient privés