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ration mêlée de crainte dont les paroles du colonel Coote déjà citées sont un noble témoignage. Si le principe qu’une série de délits partiels peut équivaloir à un crime capital était admis, il y aurait peu d’hommes ayant exercé une grande autorité qui pussent se flatter d’être innocents. Si le malheur seul fait le crime, indépendamment de l’intention, tout général vaincu devrait porter sa tête sur l’échafaud. Il n’y a donc pas à s’étonner que l’opinion publique ait bientôt réformé l’arrêt du parlement. Lorsque Voltaire dit que l’exécution de Lally fut un assassinat commis avec le glaive de la justice, il ne fut que l’organe de l’opinion générale. Un autre mot cruel dans sa forme, mais contenant un grand fond de vérité, fut encore dit à ce sujet : « Tout le monde, dit d’Alembert, a droit de tuer Lally, excepté le bourreau. » C’est qu’il était impossible d’être moins propre que Lally au rôle qu’il était appelé à jouer. Il portait un caractère impétueux, violent, irritable à l’excès, là où tout était affaire de ménagement et de temporisation. Il était dominé par une seule idée, tandis que les intérêts auxquels il était mêlé étaient éminemment variables et compliqués ; il ne voulait se conduire que par ce qu’il avait vu ou fait ailleurs, en Allemagne, en Espagne, dans les Pays-Bas, la où tout était différent, circonstances, hommes et choses. Il méprisait et opprimait les Indous là où il fallait avant tout les capter, les séduire, les entraîner. Habile et expérimenté dans la guerre méthodique