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où toutes ses démarches étaient interprétées de la manière la plus odieuse : il s’était, à ce qu’il paraît, proposé de faire usage de l’un ou de l’autre de ces manuscrits suivant les circonstances. Le premier fut supprimé, le second devint la base d’une accusation des crimes de concussion et de haute trahison. Le parlement qui dans ce moment était en lutte contre l’autorité ministérielle, mit de l’empressement à agir contre un agent de cette autorité. Le Châtelet reçut ordre d’instruire. Des lettres-patentes survinrent alors qui déférèrent le procès à la grand’chambre de Paris, transformée en commission par ces mêmes lettres. Ces lettres ordonnaient la grand’chambre d’informer sur tous les délits commis dans l’Inde, tant avant que depuis l’arrivée du comte de Lally. La disposition du public, celle d’une partie des conseillers du parlement, l’immense multitude des ennemis de Lally, rendirent illusoire cette clause introduite en faveur de l’accusé : l’instruction fut dirigée exclusivement contre Lally.

La procédure ne dura pas moins de dix-huit mois. Le nombre des chefs d’accusation s’élevait à 160, celui des témoins à près de 200. Toute expression violente, tout accès d’humeur, devenaient, grâce à l’animosité de ses ennemis, autant de délits positifs dont un grand nombre de témoins déposait. Cependant, loin de plier la tête avant l’orage, Lally sembla prendre plaisir plus d’une fois à braver ses accusateurs et ses juges. Ce fut en vain qu’il réclama sans