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de Leyrit, Moracin et Courtin d’avoir été les auteurs de la perte de la colonie, par suite de la haine qu’ils lui portaient à cause de ses propres efforts pour détruire les abus. Ces messieurs remirent au contrôleur-général un mémoire qui renfermait leur justification et leurs propres griefs contre l’ancien gouverneur-général. Ils demandaient au roi la permission de se défendre publiquement devant un tribunal. 200 personnes à peu près étaient arrivées de l’Inde ; elles parlaient dans le sens des signataires de ce mémoire, à l’exception d’une vingtaine d’entre elles dont les discours étaient plus favorables à Lally.

Sous l’impression de cette clameur publique, le ministre de la guerre signa une lettre de cachet pour Lally. Cependant on tardait à la lui signifier ; mais en l’apprenant, celui-ci se rendit de son propre mouvement à la Bastille ; de là il écrivit au ministre : « J’apporte ici ma tête et mon innocence. » Son emprisonnement durait déjà depuis dix-neuf mois, lorsqu’un incident singulier fit commencer le procès. Un jésuite, le père Lavaur, qui à Pondichéry avait joui d’un grand crédit sur les membres du conseil de la colonie, était chargé de leurs intérêts à Paris. Ennemi de Lally, il devait être un témoin des plus importants dans la procédure qui devait s’engager, mais il mourut au mois de juin 1763. Or, ce jésuite avait composé deux écrits sur les affaires de l’Inde : l’un était une apologie, de la conduite du général ; l’autre un libelle diffamatoire