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considérables : les tentes, les hôpitaux, les magasins furent arrachés, dispersés, détruits ; les vivres et munitions en grande partie détériorés, mis hors d’usage ; les soldats abandonnèrent leurs armes, ayant à peine assez de toutes leurs forces pour lutter contre la tempête. Grand nombre de Cipayes, dont la constitution est plus faible que celle des Européens, succombèrent. La mer débordant sur le rivage inonda la contrée jusqu’à la hauteur de la haie-rempart et détruisit les batteries et redoutes des assiégeants. La ville entière de Pondichéry considérait la tempête comme le signal d’une délivrance miraculeuse. Le ciel s’étant éclairci le lendemain, soldats et habitants se pressèrent en foule sur les remparts pour voir dans toute son étendue le désastre des Anglais.

Mais ils s’étaient flattés d’une vaine espérance : le vaisseau amiral, ayant eu le temps de gagner la pleine mer, avait conservé sa mature ; il rallia en route le Liverpool et le Graffon, et cinq bâtiments de guerre venaient de mettre à la voile de Trincomalee, qui arrivèrent le 4 janvier dans la rade de Pondichéry : deux autres vaisseaux de Madras n’ayant nullement souffert de la tempête vinrent se joindre à eux ; enfin, les quatre navires dont les avaries avaient été les plus fortes, ne tardèrent pas à pouvoir eux-mêmes reprendre la mer. Huit jours après l’orage qu’on avait pu croire un moment son salut, une escadre de 11 voiles bloquait ainsi de nouveau Pondichéry plus étroitement que jamais ;