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vagues plus élevées que de coutume. Le lendemain le ciel s’obscurcit ; cependant on ne vit pas encore les symptômes qui dans ces contrées annoncent les grands ouragans. Mais pendant la nuit le vent s’éleva avec une extrême violence ; huit vaisseaux de ligne, deux frégates, un brûlot et un bâtiment de la Compagnie étaient alors en rade. Le vaisseau amiral fut obligé de couper ses câbles ; il donna l’ordre aux autres vaisseaux d’en faire autant ; ces signaux ne furent pas aperçus ; les navires, par respect pour la discipline, demeurèrent à l’ancre jusqu’à ce que la violence du vent eût brisé leurs câbles ; ils devinrent alors le jouet de la tempête. La Panthère perdit sa mature ; le pont supérieur fut brisé ; le vaisseau, dépassé par les vagues, s’emplit d’eau, et pendant plusieurs heures, l’équipage s’attendit à le voir couler bas de minute en minute. Cependant il échappa à ce danger. Un vaisseau de ligne, une frégate et un brûlot vinrent se briser à 3 milles de Pondichéry ; toutefois, à l’exception de sept hommes, les équipages furent sauvés. Trois autres vaisseaux, le Duc d’Aquitaine, le Sunderland etun bâtiment de la Compagnie, essayèrent de mouiller pour ne pas être jetés sur les brisants du rivage ; ils chavirèrent et coulèrent bas. Onze cents Européens qui formaient leurs équipages périrent ; quatorze Lascars, qui s’étaient attachés à quelques planches furent aperçus le lendemain, flottant au gré des vagues, et furent les seuls sauvés. À terre, les ravages de la tempête n’avaient pas été moins