Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bouche, était arrivé aux assiégeants ; il avait aussi à bord un ingénieur en chef, et Coote se détermina à changer le blocus en un siège régulier.

Les travaux du siège continuèrent avec activité les jours suivants. Le 27 novembre, comme la disette se faisait sentir davantage de jour en jour, Lally prit le parti de se défaire des bouches inutiles ; il fit sortir de la ville tout ce qu’il y restait d’habitants indous de tout âge et de tout sexe. Leur nombre montait à 1,400 personnes. Réunis par familles ou par petites troupes, ils s’avancèrent dans la campagne. Repoussés par les Anglais, ils revinrent sur le glacis, suppliant qu’on leur permit de rentrer ; ils pénétrèrent dans le chemin couvert, mais les portes demeurèrent fermées. Le lendemain et les jours suivants ils firent tous leurs efforts, tantôt pour forcer les portes de la ville, tantôt pour traverser les lignes anglaises ; également repoussés des deux côtés et quelquefois à coups de fusil, on les voyait errer çà et là sur les glacis. Ces malheureux étaient en proie à toutes les angoisses du désespoir, à tous les tourments de la faim. Le peu de vivres emportés par eux en cachette lors de leur expulsion de la place, avaient été consommés des le premier jour ; les jours suivants des herbes et des racines oubliées dans les champs furent leur seule nourriture. Le colonel Coote, voulant forcer Lally à les reprendre, avait fait défendre à ses soldats, sous les peines les plus sévères, de leur donner des vivres quoiqu’ils en eussent eux-mêmes