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fire à ses propres habitants ; alors elle le pouvait encore moins ; l’escadre française, peu de mois auparavant, avait en partie épuisé les vivres arrivés du dehors, et la nécessité d’approvisionner tout récemment deux vaisseaux qui venaient de partir pour attaquer les établissements anglais dans le golfe Persique avait encore augmenté cette pénurie. L’amiral et le conseil de la colonie résolurent en conséquence d’envoyer comme l’année précédente 3 vaisseaux de la Compagnie acheter des vivres au cap de Bonne-Espérance : un vaisseau de ligne de 74 devait escorter ce convoi. Mais ce vaisseau appartenait à la Compagnie, et l’amiral en donna le commandement à un officier de la marine royale. Les officiers de la Compagnie protestèrent contre cet ordre comme attentatoire à leurs droits. Cette discussion, en se prolongeant avec amertume, retarda le départ des vaisseaux jusqu’au commencement de la mauvaise saison. Cette époque de l’année amène ordinairement de terribles ouragans ; la tempête éclata cette fois avec plus de force encore et plus de violence que de coutume, et ne dura pas moins de vingt-six heures. Dans le seul port de l’Île de France, 3 des vaisseaux rompirent leurs câbles, et furent poussés en pleine mer. Sur terre c’était pis encore ; la violence du vent déracina les arbres ; elle renversa les magasins de blé, d’ordinaire construits en bois, et endommagea tout ce qu’ils contenaient. La plus grande partie du bétail et de la volaille fut enlevée par les torrents ou plus tard périt