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sonnier sur parole, il fut appelé à Madras et de là renvoyé en Europe ; résolution prise, dit-on, par la régence sur les instances du nabob. Avec cette finesse naturelle à ceux de sa race, ce dernier avait su comprendre le génie de Bussy ; il le redoutait plus que tous ses autres ennemis à la fois. Il avait souvent répété que Bussy à la tête de l’armée française serait à lui seul en état de prolonger la guerre de dix ans. Peut-être avait il raison. Par ce départ, Lally se trouva privé du seul homme dont les conseils auraient pu lui être de quelque utilité au milieu des circonstances désastreuses où il se trouvait.

Après la chute de Valdore, quelques petits districts sous le canon de Villanore et d’Ariancopang étaient les seuls endroits d’où Pondichéry pût encore tirer des vivres ; il n’était plus question de convois. Les Français possédaient bien encore Gingee et Thiagar ; mais ces places étaient éloignées, leurs garnisons trop faibles pour fournir des escortes, et l’on ne pouvait en détacher du corps d’armée principal d’assez nombreuses pour effectuer ce service. Lally comprit qu’une seule ressource lui demeurait encore pour prolonger la guerre, et précisément celle qu’il avait jusqu’alors le plus dédaignée ; l’alliance des princes du pays. Hyder-Ali, généralissime du royaume de Mysore, était alors maître absolu du gouvernement et d’une partie du royaume ; le souverain légitime, enfermé dans une forteresse, jouissait bien de certains honneurs publics, mais se trouvait privé de tout pouvoir. Or Hyder-Ali, qui