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virement d’opinion, n’y voyait que le résultat des intrigues et de l’argent de Bussy. Son animosité, un moment comprimée, éclata de nouveau et se manifesta par les procédés et les discours les plus offensants. Alors Bussy demanda la permission de retourner à Pondichéry pour y rétablir sa santé délabrée par les fatigues de la campagne ; mais cette permission lui fut à diverses reprises durement refusée.

À cette époque le projet de Lally était de former le siège de Wandeswah : il interrogea Bussy et voulut avoir son avis, tant sur l’opportunité de ce siège que sur l’ensemble des circonstances actuelles. Forcé de parler, ce dernier exposa devant l’état major de l’armée les raisons qui l’empêchaient de goûter ce plan de campagne : « Les Anglais, selon lui, ne pouvaient se décider à voir la prise de Wandeswah sans risquer une bataille pour l’empêcher ; or l’armée française se trouverait privée, pour livrer cette bataille, de toutes les troupes et de toute l’artillerie employées au siège ; de plus, la nécessité de couvrir ce siège lui ôterait toute liberté d’action quant à ses manœuvres et au choix du terrain. Ce qu’il y avait de mieux à faire, ajoutait-il, c’était donc de rassembler les troupes régulières sur les bords de la Paliar, de détacher de l’armée le corps entier des Mahrattes auxiliaires en les envoyant dévaster les possessions de l’ennemi. Par ce moyen, l’armée anglaise serait bientôt réduite à cette alternative, ou de donner bataille à son désavantage, ou bien