Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 2.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

obligé de combattre à la fois en tête et en queue. On les voyait sortir par bandes de tous les côtés de la forêt, pour voltiger en quelque sorte à l’entour des troupes d’Issoof. Sans cesse repoussés, mais jamais découragés, ils se ralliaient derrière les arbres pour revenir immédiatement à la charge. À la fin du jour ils cessèrent leurs attaques, qu’ils avaient le projet de recommencer pendant la nuit ; mais Issoof, dont les munitions étaient épuisées, ne jugea pas convenable d’attendre le résultat de cette attaque ; il décampa le soir même, et se retira à Tinivelli. Les colleries de cette partie de la péninsule sont grands, bien faits, ont des traits réguliers ; comme les autres ils ont pour armes le fusil, la pique, l’arc, les flèches, l’épée et le bouclier ; en paix comme en guerre ils marchent toujours armés. Ils se séparent dans les combats en différents corps qui, suivant les localités, attaquent l’ennemi ou tour à tour ou tous à la fois ; combattant la cavalerie, ils se servent volontiers d’une ruse qui leur est propre ; après avoir attaché de petites sonnettes au bout de leurs lances, ils se forment en colonnes serrées, arrivent avec détermination sur l’ennemi ; alors ils abaissent tout-à-coup leurs lances, et le bruit inattendu des sonnettes suffit la plupart du temps à effrayer les chevaux et à les mettre en fuite. Leur approche n’est pas moins redoutable à l’infanterie. La domination anglaise, par suite de l’expédition d’Issoof, se trouva étendue au midi de la Péninsule, dans les provinces de Madura et de Tinivelli.