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solde arriérée ; chacun des membres, pour preuve de sa bonne foi, envoie sur-le-champ sa vaisselle et son argenterie à la monnaie, exemple qui ne tarde pas à être suivi par un grand nombre de riches habitants. Lally expédie par un officier de confiance, le major Fumel, 10,000 pagodes, c’est-à-dire tout ce que contenait la caisse de l’armée. Le major était aussi autorisé à promettre aux troupes un pardon général, à condition qu’elles rentreraient aussitôt dans le devoir. Arrivé au camp des soldats, celui-ci demanda et obtint une conférence avec les chefs. Il leur reproche le déshonneur de leur désertion, il leur montre la ruine des établissements français dans l’Inde, comme ne pouvant manquer d’en être la suite immédiate ; les voyant ébranlés, il demande à parler aux troupes elles-mêmes : celles-ci s’assemblent et Fumel répète les mêmes discours ; il laisse voir l’argent dont il est chargé, il parle de pardon général. Les soldats commençaient à se laisser toucher par ces représentations ; mais tout-à-coup 70 ou 80 des plus déterminés mutins se précipitent au milieu de la foule, la baïonnette en avant, déclarent que rien ne saurait être fait sans leur consentement, et qu’ils ne consentiront jamais à retourner au camp à moins de toucher leur solde arriérée. Leurs discours et leurs violences ne détruisent pas l’impression produite par le major. Ce dernier s’en aperçoit, et rompt l’assemblée, en déclarant qu’il se rend à Wandeswah ; que là il attendra trois heures leurs résolutions, pour les transmettre à Pondichéry. La