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mourront tous plutôt que de le souffrir. Les soldats renoncent à ce projet. Les deux régiments réunis élisent pour général un sergent de grenadiers de Lorraine nommé La Joie, et celui-ci nomme pour son major-général un autre sergent. Le commandement des régiments, des compagnies, passe à des soldats qui prennent le titre de colonel, capitaine, etc. La Joie rédige le règlement du service, qui, lu à la tête des compagnies, est écouté dans un religieux silence. Le camp est tracé, les avant-postes placés ; des détachements vont aux vivres, d’autres au fourrage ; on défile la parade, et le mot d’ordre est donné. Les moindres détails de la discipline militaire sont observés avec autant, avec plus de rigueur que d’ordinaire. Quelques officiers se présentent, et sont reçus avec respect et déférence par ceux qui ont pris leurs places, mais qui se refusent positivement à reconnaître leur autorité. La Joie, craignant une surprise des Anglais, fait élever quelques retranchements, et placer son artillerie du seul côté où ceux-ci auraient pu essayer une attaque sur le camp. La nuit se passa dans le silence et l’ordre le plus parfait.

Les officiers s’étaient hâtés de donner connaissance à Pondichéry de ce qui se passait. Lally assemble immédiatement le conseil, qu’il ne manque pas d’accuser d’être l’instigateur de la révolte. Cependant, comme les circonstances étaient pressantes, on ne s’arrêta point à récriminer. Le conseil s’engagea à faire payer dans le délai d’un mois toute la