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gué par un des mutins, et la révolte est résolue d’une voix unanime. L’autorité des officiers, celle même des sous-officiers, à deux exceptions près, est méconnue. Le régiment sort du camp en bon ordre, et se met en marche pour aller prendre position sur une montagne à quelque distance. Au bruit de la générale, le régiment de Lally, un bataillon de la Compagnie, avaient aussi pris les armes, et s’étaient formés en bataille ; ils croyaient le camp attaqué par l’ennemi. Le régiment de Lorraine envoie quelques-uns des siens, qui se présentent devant le front de ces troupes. L’un des mutins s’érige en orateur ; il dit que le régiment de Lorraine a pris les armes pour se faire payer la solde due depuis plus d’une année ; qu’il ne les déposera qu’après avoir obtenu satisfaction : il engage le régiment de Lally à prendre le même parti, puisqu’il a les mêmes sujets de plainte. Ces mots sont l’étincelle tombée sur la poudre. Le régiment de Lally s’ébranle ; les cris en avant, marche, rejoignons Lorraine ; en avant ! retentissent dans tous les rangs. Les officiers font de vains efforts pour prévenir leur dessein, prodiguent les ordres et les prières ; ils ne sont point écoutés. Des détachements de rebelles s’emparent de l’artillerie, des caissons, des parcs de bétail, des tentes, du bagage, etc. Bien plus, voulant conserver au sein de la révolte le signe sacré de la discipline militaire, ils prétendent emmener leurs drapeaux. Les officiers, mettant l’épée à la main, se rangent autour, et jurent qu’ils