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velopper dans les plus violentes récriminations innocents et coupables. De cette manière il les forçait, pour ainsi dire en dépit d’eux-mêmes, à se liguer ensemble, à faire cause commune contre lui, dans l’intérêt de leur défense personnelle. Il s’ôtait par là tout moyen de faire le bien sans empêcher le mal. À la vérité, la présence de Bussy, qu’il se refusait pourtant à laisser retourner dans le Deccan, avait achevé de l’exaspérer. Dans l’opinion de l’armée, de l’administration, des habitants même de la ville, les talents de Bussy étaient placés bien au-dessus des siens. C’était à qui manifesterait davantage cette opinion ; chacun s’efforçait de témoigner d’autant plus d’égards à ce dernier, que ces égards étaient devenus autant de procédés blessants pour le général en chef. Le plus grand sang-froid, un empire imperturbable sur soi-même, joints à une grande souplesse, à une grande flexibilité de caractère, eussent été nécessaires pour se tirer à grand-peine d’une situation semblable ; et c’étaient les qualités qui manquaient le plus à Lally. Bussy, au contraire, à des talents vraiment remarquables joignait les manières les plus douces et les plus aimables. D’ailleurs c’était bien moins à ses manières, à ses talents qu’il devait cette considération, cette popularité, qu’aux emportements et aux maladresses de son rival.

Salabut-Jung, après son traité avec les Anglais, s’avança dans la direction de Hyderabad. À quelques milles de la ville, une négociation fut ouverte entre lui et Nizam-Ali. Elle se termina à l’avantage