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voisinage de l’armée anglaise. Le colonel Monson, alors commandant des troupes anglaises en remplacement du major Bereton, offrit plusieurs fois le combat à Lally ; ce dernier ne quitta pas son camp. Il ne croyait pas pouvoir compter sur ses soldats, car ses ressources en argent et en vivres étaient épuisées, et ceux-ci se livraient à des murmures voisins de la sédition. Il se refusait ainsi à livrer bataille, quoiqu’il en bouillonnât d’envie ; toutes les contrariétés qui ne cessaient de l’assaillir avaient exalté plutôt qu’abattu son courage impétueux. Quoi qu’il en soit, après avoir réparti en cantonnements les divers corps de son armée dans les districts d’Arcot, de Carongoly, Chittapet et Wandeswash, Lally, à la tête de 1,300 Européens, retourna sur-le-champ à Pondichéry ; il était résolu d’attendre l’arrivée de la flotte française avant de tenter quelque chose de nouveau.

Lally gardant moins de ménagement que jamais, rejetait le mauvais succès de son entreprise sur le gouverneur, le conseil, l’administration ; il les accusait hautement d’être gagnés par les collecteurs des finances ou par les fournisseurs de l’armée. Ces reproches n’étaient sans doute pas dénués de tout fondement ; cependant le gouverneur, M. de Layrit, était un homme de bien, de capacité, fort au-dessus de ces pratiques ; il en était de même de quelques autres membres du conseil. Mais c’était le tort de Lally de s’attaquer à tout le monde à la fois. Tandis qu’un chef habile doit souvent ménager même les coupables, il se plaisait au contraire à en-