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visiter tous les jours les ouvrages, encourager les soldats, leur distribuant çà et là des récompenses ou des promesses. Le conseil témoigna de même sa reconnaissance à la garnison qui avait supporté sans murmures, sans un instant de découragement, des dangers et des fatigués extraordinaires. Enfin, le colonel Lawrence, commandant militaire, fut encore publiquement remercié par le conseil moins encore en raison de sa bravoure, que de l’extrême sollicitude qu’il avait montrée pour les soldats. Du côté des Français, c’était un spectacle bien différent ; l’armée s’avançait en désordre sur la route d’Arcot, sans vêtements, sans vivres, sans bagages, et au milieu d’elle Lally, tour à tour en proie à des accès de colère violente ou de sombre désespoir. Dès le même soir il écrivit au gouverneur M. de Leyrit une lettre toute remplie des reproches les plus emportés ; rejetant le mauvais succès de l’expédition sur les employés de la Compagnie, il les accusait hautement de perfidie et de trahison. Parlant de Pondichéry, il finissait en disant : « qu’il n’était pas possible que le feu du ciel, à défaut de celui des Anglais, n’embrasât bientôt cette nouvelle Sodome. » Les adversaires de Lally ne demeurèrent point en arrière de cette exaspération ; ce ne fut point à Madras, mais à Pondichéry, que la levée du siège excita la joie la plus vive et la plus bruyante : à peine la nouvelle s’en fut-elle répandue que la ville prit tout-à-coup un air de fête, et que les rues et les places publiques se rempli-