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au moyen des troupes qu’il avait à bord, il lui était aisé, s’il le voulait, de s’en emparer avant de se rendre à Madras ; une demi-journée lui eût parfaitement suffi. Déjà un grand nombre d’officiers croyaient le moment venu de lever le siège pour aller au secours de Pondichéry. Lally était invinciblement décidé à ne prendre cette mesure qu’après avoir tenté un assaut général. La brèche était devenue plus abordable ; après un feu très vif dans la journée du 16, il se résolut à tenter l’escalade dès la même nuit, après le coucher de la lune.

À cinq heures du soir, 5 vaisseaux sont signalés ; d’autres peu après, et au bout de quelques heures toute la flotte de l’amiral Pocock mouillait dans la rade. Le soir, le feu des assiégeants redoubla d’activité, et se prolongea jusqu’à deux heures de la nuit. Pendant quelques heures la garnison se tint sous les armes, imaginant que l’intention de Lally était de donner l’assaut cette nuit même, avant le débarquement des troupes apportées par l’escadre. Mais prendre ce parti, c’était jouer du même coup non seulement le sort de l’armée, mais celui de Pondichéry. Lally, cédant à la nécessité, se décida, la rage dans le cœur, à lever le siège. Il commença sa retraite à trois heures du matin. La grande redoute d’Egmore avait été minée par ses ordres ; son arrière-garde la fit sauter. Il se proposait de faire subir le même sort à la ville Noire : des tas de matières inflammables étaient dispersées çà et là ; mais il n’eut pas le temps d’y faire mettre le feu.