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sirent les embrasures, et rentrèrent sans avoir perdu un seul homme. La situation des assiégeants et des assiégés était alors bien différente. Ces derniers étaient abondamment pourvus d’argent, de vivres et de munition ; Caillaud, Preston, Issoof, menaçaient les derrières de l’ennemi ; enfin la flotte, qui portait un renfort considérable, était attendue d’un moment à l’autre. Les Français se trouvaient au contraire dans une position de plus en plus critique, à mesure que le siège se prolongeait. L’argent qui les avait mis à même de l’entreprendre était dépensé depuis long-temps ; la caisse du gouvernement était vide ; les particuliers, par haine pour le général, n’auraient pas prêté un sou pour le succès de l’expédition ; enfin le pays dont ils étaient en possession entre Devi-Cotah, Arcot et Madras, dévasté, épuisé, ne pouvait fournir à leur consommation. La solde était depuis six semaines en arrière, et depuis quinze jours l’armée n’avait vécu que d’un peu de riz capturé sur deux petits bâtiments du Bengale, officiers et soldats à la même ration. Les Européens persistèrent dans le devoir, mais les Cipayes, toujours traités avec le plus souverain mépris par Lally, réclamaient sans cesse leur solde, désertant par bandes, parfois pillant le pays sous prétexte de se dédommager de la solde qui leur était encore due. La situation de Pondichéry était encore de nature à causer de vives alarmes : la défense en était confiée à 300 invalides. L’amiral Pocock ne pouvait tarder à se montrer ; et,