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rait rentré dans le fort, mais Bussy, qui commandait ce détachement, n’osa pas exécuter ce mouvement d’une grande hardiesse sans l’ordre de Lally. Depuis, quelques uns l’accusèrent de n’avoir pas voulu se prêter à cette opération, qui, rendant les Français maîtres de Madras, achevait de renverser ses projets sur le Deccan. Quoi qu’il en soit, les Anglais eurent le temps de se dégager des rues où ils étaient entrés et de regagner le pont. Crillon, à la tête d’une poignée de volontaires, chargeant les Anglais dans leur retraite, leur fit une trentaine de prisonniers avant qu’ils eussent repassé le pont ; au-delà du pont, Draper, protégé par le canon du fort, put rentrer sans difficulté. Toutefois il s’en fallut de peu que la retrait ne lui fût coupée, et dans ce cas c’en était fait de Madras. Les Anglais perdirent 200 hommes tués ou blessés, et 9 officiers ; la perte des Français monta à peu près au même chiffre, mais ils eurent 12 officiers hors de combat. Saubinet, officier hardi et entreprenant, fut au nombre des morts. D’Estaing, dans l’obscurité, tomba dans un parti anglais, qui le fit prisonnier. Lally, avec ces paroles rudes et emportées qu’il n’épargnait à personne, accusa ouvertement Bussy de l’avoir empêché de s’emparer de Madras.

Les assiégeants commencèrent le lendemain 15 décembre à établir leurs batteries. Le nabob, réfugié depuis quelques jours dans Madras, témoigna le désir d’en sortir, aussitôt que le siège fut commencé. La garnison désirait aussi qu’il prît ce