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des difficultés de toute nature. Il manquait à la fois d’argent, de vivres et de munitions, et, qui pis est, ne rencontrait, comme cela devait être, que fort peu de bonne volonté chez des gens qui tous avaient eu à souffrir de sa violence et de ses emportements. Cependant le conseil de la présidence avait plusieurs fois déclaré l’impossibilité où il ne tarderait pas à se trouver bientôt de nourrir et de payer l’armée à Pondichéry. Dans un conseil de guerre où fut exposée la situation de la colonie, le comte d’Estaing s’écria : « Mieux vaut donc mourir d’un coup de fusil sous les murs de Madras que de faim sur les glacis de Pondichéry. » Le conseil se rallia à cet avis. Le projet d’un siège régulier n’était dans la pensée de personne ; mais on espérait que la prise de la ville noire pourrait suffire à donner pour l’avenir d’abondantes ressources. La caisse de Pondichéry se trouvait absolument vide. Il fallut avoir recours à des cotisations particulières pour les premiers frais de l’entrée en campagne. Lally donna de son propre argent 60,000 roupies. Des membres du conseil, quelques habitants de Pondichéry, suivirent ce noble exemple, et en réunirent de leur côté 34,000, en tout 94,000 roupies. Tous les animaux de trait de Pondichéry n’auraient pas suffi à traîner la moitié de la grosse artillerie nécessaire pour le siège. Une partie de cette artillerie fut embarquée sur le Harlem, vaisseau récemment capturé sur les Hollandais, une autre sur deux frégates pesamment chargées, qui ne purent mettre en mer que