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sa solde furent les seuls qui se mirent en ligne. Par une circonstance singulière, un champ de maïs, dont les épis s’élèvent, comme on sait, à une fort grande hauteur, cachait aux yeux des Français le bataillon anglais qui se trouvait derrière ; ils ne voyaient que les Cipayes distribués sur ses ailes.

Conflans, dont la ligne avait plus d’étendue que celle de l’ennemi, avance pour l’envelopper. Dans ce mouvement, les Français qui formaient le centre appuyèrent à droite sur l’aile gauche, composée des Cipayes anglais. Ceux-ci ont ordinairement un grand nombre de drapeaux qui sert à les faire reconnaître ; mais ils avaient posé ces drapeaux à terre, et la ressemblance d’uniforme trompa Conflans, qui les prit pour des Anglais. Les Français firent halte, rectifièrent leur ligne de bataille, et à une assez grande distance commencèrent un feu de peloton ; les Cipayes, peu habitués à tenir tête à des Européens, lâchent aussitôt pied et s’enfuient dans le plus grand désordre. Eux-mêmes étonnés de la facilité de la victoire, les Français rompent leurs rangs, et se précipitent à la poursuite des fuyards. Alors les Anglais, comme s’ils fussent sortis de terre, se montrent tout-à-coup en bon ordre derrière le champ de maïs ; ils font un mouvement à gauche, viennent occuper la place des Cipayes et commencent un feu vif et bien nourri. Cette apparition inattendue achève de mettre les Français en désordre, et ils battent en retraite pour regagner leur artillerie, demeurée assez loin en arrière,