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cendance que de lire les lettres d’un fou. » À toutes les instances de Bussy pour retourner dans le Deccan, il répondit donc par le refus le plus formel. Il n’eut pas plus d’égard aux demandes réitérées du subahdar, qui ne cessait de lui redemander le soutien de son trône dans les termes les plus forts et les plus pressants.

Ces deux hommes furent dès lors aussi complétement séparés que l’avaient été Dupleix et La Bourdonnais : c’est qu’au fond ils représentaient les mêmes idées, ils continuaient les deux systèmes qui dès lors s’étaient trouvés en présence. Comme Dupleix, Bussy songeait à la conquête de l’Inde en se mêlant aux intérêts politiques des États indous ; comme La Bourdonnais, Lally ne voyait qu’une chose, l’extermination des Anglais. Ainsi, contraint de renoncer à ses projets de retour auprès du subahdar ; Bussy demeura près de Lally, qui se plut à l’abreuver de dégoûts et de mauvais traitements. À la vérité les membres du conseil de Pondichéry, les officiers, l’armée tout entière n’en avaient pas moins la plus haute opinion de ses talents politiques et militaires. Dans l’armée française se trouvaient un major-général et six colonels ; et lui-même n’avait que le grade de lieutenant-colonel. Or, ces six colonels, MM. d’Estaing, de Landivisiau, de La Fare, de Breteuil, de Verdière, de Crillon, de leur propre mouvement écrivirent à Lally qu’en dépit de la différence des grades, ils étaient tous disposés à servir sous M. de Bussy et