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digne. Le conseil, y compris les gouverneurs désignés, prit à l’unanimité une résolution également honorable et pour lui et pour celui qui en était l’objet : il pria Clive d’accepter sans partage les fonctions de président. Comme il le dit lui-même quelques années après devant la chambre des communes, celui-ci n’hésita pas un instant à accepter ; il avait la conscience de sa propre valeur. L’influence de Clive sur les indigènes n’était pas moins grande que sur les Anglais ; on en jugera par l’anecdote suivante : — Un des principaux officiers de Meer-Jaffier se présenta un jour à l’audience de ce dernier, en ce moment entouré de toute sa cour. Une querelle entre les soldats de cet officier et ceux de Clive se trouvait être précisément le sujet de la conversation. Le nabob, s’adressant au nouveau venu : « Vos gens se sont, dit-on, querellés avec ceux du colonel Clive. Ne savez-vous donc pas quel homme c’est que le colonel, et en quel rang il a plu au ciel de le placer ? — Moi ! s’écria aussitôt l’officier tout troublé ; moi quereller avec le colonel Clive ! Mais je ne rencontre jamais son âne sans lui faire trois révérences : comment me querellerais-je avec celui qui le monte ? »

De nouvelles dépêches à la régence de Madras apportèrent à cette époque la nouvelle du second combat naval livré par les deux flottes. D’après ces dépêches les vaisseaux français se trouvaient dans l’obligation de retourner se radouber aux îles ; elles parlaient encore du siège de Tanjore par Lally,