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mun. Clive, de son côté, sut l’exploiter au profit des Anglais. Le salpêtre du Bengale était un des articles essentiels du commerce de la Compagnie ; on le tirait d’une province de l’autre côté du Gange, au-dessus de Patna, et le gouvernement du nabob l’affermait à bail pour un certain nombre d’années, Clive demanda ce bail pour le compte de la Compagnie. Le nabob répugnait à cette mesure, comprenant qu’il n’aurait pas dans les Anglais des fermiers aussi complaisants que ses propres sujets, et qu’il pût pressurer à volonté ; mais en ce moment il n’avait rien à refuser à Clive.

Clive, accompagné de Dooloob-Ram, retourna le 15 mai à Moorshedabad qu’il trouva dans la confusion, Les rues étaient désertes, les boutiques fermées ; les banquiers, même les Seats, avaient suspendu leurs paiements ; les familles riches commençaient déjà à mettre en sûreté leurs effets précieux. À l’approche de Clive, Meerum s’était hâté de s’éloigner en donnant tous les signes d’une frayeur extrême, comme s’il eût craint pour sa vie ; il emmena toutes les troupes, toute l’artillerie, et témoigna l’intention de rejoindre son père. Clive offensé de ce procédé s’en plaignit au nabob, qui se hâta de lui envoyer les excuses de Meerum, Meer-Jaffier était de son côté plus impatient que jamais de se défaire de Dooloob-Ram ; l’impossibilité de payer les troupes sans le secours de ce dernier, la crainte de leur insurrection si la solde venait à manquer, tout cela était à peine suffisant