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crètement les deux princesses pour Dacca, tout en répandant le bruit de leur mort. Le lendemain, trois cercueils furent exposés sur une estrade, au milieu d’une foule silencieuse et attristée. Les deux princesses étaient fort aimées du peuple. À ces nouvelles, les troupes anglaises de Cossimbuzar arrivèrent en toute hâte pour rétablir ou maintenir la paix. L’officier commandant crut devoir adresser à Meerum quelques reproches au sujet de ce qui s’était passé. « Qu’est-ce à dire ? répondit celui-ci ; je suis le fils du nabob, et je ne serai pas le maître de faire tuer deux vieilles femmes ! » Au lieu de les faire périr, il s’était pourtant contenté de les envoyer à Dacca sous bonne escorte, se proposant de les rançonner plus tard et plus à loisir. Mais Meerum ne voulait rien relâcher, même en théorie, de la plénitude des droits qu’il se croyait en tant que prince absolu. Le meurtre de l’enfant répandit dans la ville la plus extrême consternation.

Clive, arrivé à Moorshedabad à la fin de novembre, avait rejoint Meer-Jaffier dès les premiers jours de décembre (1757). Dooloob-Ram, sous prétexte de maladie, s’était dispensé d’accompagner le nabob, et se trouvait encore dans la ville avec ses troupes. Meer-Jaffier avait nommé au gouvernement de Pooroonia un ancien compagnon de plaisir, Cuddun-Hussein. Ce dernier entra dans la province à la tête d’un corps de troupes considérable ; il s’empara du gouvernement sans difficulté,