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Au moment de quitter cette ville. Bussy reçut une nouvelle lettre de Lally, et celle-ci contenait l’ordre de se mettre sur-le-champ en route pour Pondichéry avec toutes ses troupes, à l’exception de celles qui seraient nécessaires à la défense des circars (provinces) du nord et de Masulipatam. Cette lettre était positive, péremptoire, n’admettait aucun délai, quelque préjudiciable qu’un aussi prompt départ pût être aux intérêts du subahdar. On l’a déjà dit ; Lally, étranger à la politique orientale, considérait l’alliance des Français avec le subahdar comme une chimère dont il n’y avait aucun avantage à espérer. Salabut-Jung se vit ainsi tout-à-coup privé de son seul appui, du seul homme en qui il avait mis toute sa confiance. Apprenant prenant qu’il allait se séparer de Bussy, il l’appela l’ange gardien de son trône et de sa vie ; il déplora dans les termes du plus profond désespoir la fatale destinée qui l’éloignait. Vainement Bussy essaya-t-il de lui rendre quelque courage, en le flattant d’un prompt retour, dont, à le vérité, il se flattait tout le premier. Quoique les préjugés de Lally lui fussent connus, il espérait les faire céder à la force de ses raisonnements ; il ne doutait pas de convaincre celui-ci qu’une alliance intime avec le subahdar était le seul moyen de conserver aux Français la supériorité dont ils jouissaient en ce moment sur la côte de Coromandel et dans tout l’Indostan. Dans les derniers jours de juillet (1758), Bussy, à la tête du corps d’armée français, se sépara de l’armée du su-