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faire menacer le roi, par leurs interprètes, de l’envoyer, lui et toute sa famille, comme esclaves à Bourbon. Exaspéré par cet outrage, ce dernier prit alors une de ces résolutions d’autant plus inébranlables chez les Indous, qu’elles sont plus en contraste avec leur caractère habituel, celle de se défendre jusqu’à la dernière extrémité. Il demanda d’abord des secours au commandant de Tritchinopoly ; celui-ci, d’abord fort inquiet des négociations commencées, avait arrêté la marche de son premier détachement ; jugeant alors la rupture définitive, entre les Tanjoréens et les Français, il la remit en marche sur Tanjore. Le 4 août, Lally commença à battre la ville avec deux batteries, l’une de trois pièces, l’autre de deux ; trois jours après, la brèche était déjà large de dix pieds ; on revanche les munitions et les vivres des assiégeants se trouvaient épuisées ; à peine leur restait-il 20 cartouches par homme et 150 gargousses pour l’artillerie ; enfin seulement pour deux jours de vivres. Le lendemain, la nouvelle arriva qu’après un second combat naval à son avantage la flotte anglaise avait jeté l’ancre devant Karical, qu’elle menaçait d’une descente ; on ne savait rien de la flotte française. Lally assembla un conseil de guerre, auquel furent soumises les deux questions de se porter au secours de Karical, ou de donner l’assaut à Tanjore. Sur douze officiers, dix opinèrent pour la levée immédiate du siège ; deux autres, Saubinet et d’Estaing, pour l’assaut. Suivant d’Estaing, une