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autorités de Pondichéry le temps de rassembler un nombre suffisant de coolis (portefaix). Lally donna ordre qu’ils fussent suppléés par les habitants indous de Pondichéry, qui furent saisis de force, et, sans distinction de caste, également employés à remplacer les coolis ou portefaix. Le prêtre, le guerrier, furent attelés à côté du sudra, ou du paria ; ils traînèrent l’artillerie, portèrent des fardeaux, etc. C’était attaquer à la fois l’ordre social et l’ordre religieux ; c’était blesser toutes les croyances, renverser toutes les conditions ; c’était comme si un gouverneur de Paris se fût avisé d’atteler un duc et pair au valet du bourreau, pour les employer à la démolition de Saint-Denis ou de Notre-Dame ; ou plutôt c’était pire encore. Aussi la désertion ne tarda pas à se mettre parmi ces malheureux Indous. Bientôt Pondichéry ne fut plus qu’une vaste solitude ; le mécontentement éclata de toutes parts. Les membres du conseil se rendirent auprès de Lally pour lui mettre sous les yeux les suites funestes de ce mépris des mœurs et des croyances des habitants. Lally accueillit ces remontrances avec colère et emportement. Il accusa les membres du conseil de s’être fait payer par les Indous pour parler de la sorte. Cependant, les canons et les munitions, malgré la violence de ces mesures, n’arrivaient au camp qu’avec une lenteur extrême. Lally finit par se laisser aller à toute son impatience ; abandonnant tout-à-coup le fort Saint-David, il courut à Pondi-