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fort Saint-David, où Lally avait déjà emmené tout ce qui se trouvait de troupes disponibles à Pondichéry.

De nombreux mécontentements avaient suivi les premières mesures de Lally. Ne trouvant pas pour ses opérations militaires les mêmes ressources, les mêmes facilités qu’il était habitué à rencontrer en Europe, il voulut les créer en dépit de tous les obstacles ; mais il était par malheur on ne saurait plus ignorant des mœurs, des usages, de la religion des indigènes. Chaque caste de l’Inde a sa vocation particulière et héréditaire. Les castes les plus élevées ne sauraient se livrer à aucun travail manuel ; les plus basses ne peuvent sortir des limites de certaines professions. Le cultivateur se regarderait comme déshonoré s’il labourait une terre qu’il n’a point ensemencée ; le cooli qui porte son fardeau sur la tête ne consentirait jamais à le porter sur les épaules ; le soldat indou ne travaille point aux retranchements dont il s’abritera ; le cavalier ne fauchera jamais l’herbe qui doit nourrir son cheval. De là l’innombrable multitude qui suit les camps indous pour remplir ces soins divers. D’un autre côté, les chevaux de trait ne sont qu’imparfaitement remplacés par les bœufs du pays, dont la race est petite et faible ; encore est-il rare de rencontrer un nombre de ces derniers assez considérable pour suffire aux besoins d’une armée. D’ailleurs la précipitation avec laquelle Lally dirigea les premiers détachements sur Saint-David et Cuddalore, n’aurait laissé dans aucun cas aux