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leur rang, mais ne leur laissait aucun pouvoir. Des conseils différents prévalurent pendant l’absence des Français. L’aîné de ces frères du subahdar, Bassalut-Jung, avait été nommé au gouvernement de la province et de la ville d’Adoni, l’une des plus fortes places du Deccan ; le second et le plus dangereux, Nizam-Ali, à celui du Berar, grande et riche province dont les Mahrattes occupaient alors une partie. Or, à la fin de l’année 1758, les Mahrattes insultèrent le subahdar jusque dans sa capitale ; une sédition éclata dans l’armée sous le prétexte ordinaire d’une demande d’arrérages ; et le dewan, éprouvant ou feignant d’éprouver de grandes inquiétudes, se réfugia dans une forteresse. Nizam-Ali, qui avait su acquérir une grande popularité parmi les troupes, se fit fort alors de les apaiser à la condition que les pouvoirs nécessaires lui seraient concédés par le subahdar : il demanda entre autres la disposition du grand sceau de l’État ; il lui fut remis, et le subahdar ne conserva plus de son pouvoir qu’une vaine apparence. Nizam-Ali, jouant la modestie et l’indifférence du pouvoir, confia ce sceau à son frère, tout en prenant cependant ses précautions pour que ce dernier n’en pût faire que l’usage que lui-même prescrirait. À peine Bussy eut-il appris ces nouvelles qu’il se mit immédiatement en marche avec tout ce qu’il avait de forces disponibles ; il fit 400 milles en vingt-un jours à travers un pays où la plupart du temps aucune route n’existait. À son arrivée à Aurengabad,