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soulever le bord inférieur de cette tente et à pénétrer dans l’intérieur. Vizeramrause, étendu sur son lit, dormait d’un profond sommeil. Les deux soldats s’en approchent en retenant leur haleine, et lui plongent à la fois leurs poignards dans le cœur. Vizeramrause pousse un grand cri ; un soldat de faction au-dehors l’entend, donne l’alarme, entre dans la tente du rajah et fait feu sur les deux assassins, mais les manque. Les meurtriers se précipitent de nouveau sur Vizeramrause, et le frappent à coups redoublés ; des soldats accourent en grand nombre ; mais, insouciants de leur propre destinée, ils disent : « Notre vie est à vous, nous sommes vengés. » On les massacre à coups de sabre et de poignard. Le corps de Vizeramrause était percé de trente-deux blessures. Si les deux meurtriers eussent manqué leur coup, leurs deux compagnons demeurés dans la forêt eussent renouvelé la même entreprise.

L’armée, pressée de quitter ces lieux funestes, marcha vers le nord. Bussy réduisit sans difficulté quelques autres polygards. Ce fut alors qu’il reçut des lettres où Suraja-Dowlah sollicitait son appui contre les Anglais ; demande de secours appuyée des plus magnifiques promesses. Bussy se porte tout aussitôt à la frontière du nord de son territoire ; déjà il s’apprêtait à se rendre dans le Bengale à travers Orissa, aussitôt que les circonstances seraient favorables ; mais il apprit, au contraire, le recouvrement de Chandernagor par les Anglais, ainsi que toute la faiblesse montrée par Suraja-