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avec les Portugais ; informé que ces étrangers qui venaient le visiter n’avaient d’autre intention que de trafiquer avec ses sujets, il les accueillit favorablement. Ce roi régnait sur soixante-dix îles, outre Ternate, la plus considérable des Moluques. Les Anglais échangèrent des présents avec lui, le reçurent à bord de leurs vaisseaux, et nouèrent des rapports commerciaux avec ses sujets ; ils se firent un chargement d’épices précieuses, et se mirent au fait d’un commerce alors l’objet de l’ambition de l’Europe entière. Drake visita quelques autres îles, s’étonnant chaque jour davantage de leur prodigieuse fertilité ; entre autres Java, destiné à devenir plus tard le siège des colonies hollandaises.

Les Anglais déployèrent alors de nouveau leurs voiles pour cette navigation des Indes en Europe que les Portugais se plaisaient à décrire comme toute remplie d’écueils et de dangers. Après avoir quitté Java, et touché terre pour la première fois au cap de Bonne-Espérance, ils arrivèrent enfin à Plymouth ; le voyage avait duré deux ans dix mois et quelques jours. C’étaient les premiers vaisseaux anglais qui eussent traversé le grand Océan et fait le tour du monde. La nouvelle de cette entreprise se répandant bientôt dans toute l’Angleterre, y excita un enthousiasme universel qui, suivant les contemporains, touchait presqu’au délire. Sur le rivage, une immense multitude incessamment renouvelée, ne pouvait se lasser de