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restrictions ; ces vaisseaux ne devaient acheter ni cannelle, ni gingembre, ni poivre, ni bois de charpente, ni fer, ni acier, ni plomb, ni étain, ni armes de guerre, etc. Les premiers venus s’étaient réservé le monopole de ces différents objets ; plusieurs denrées, dont une seule a suffi depuis à faire la fortune de telle ou telle nation, étaient alors dans leurs seules mains. Les peuples soumis regardaient les Portugais comme des êtres d’une nature supérieure à la leur ; le timide Indou disait : « Heureusement que la Providence a permis qu’il y en eût peu, comme il y a peu de tigres et de lions, afin qu’ils ne détruisissent pas l’espèce humaine. » À la vérité, les Portugais étaient montés par l’âme et le cœur au niveau de leur fortune ; la grandeur et l’héroïsme des Romains semblaient revivre par intervalle dans ces nouveaux conquérants du monde. Au milieu d’un combat naval, on vint avertir le fils de Lopez Carasco que son père venait d’être tué : « Eh bien ! dit-il, c’est un brave homme de moins ; songeons à vaincre ou à mourir de la même mort. » Mais ce n’était là qu’un éclair. Les ressources du Portugal n’étaient point en rapport avec le fardeau de sa gloire et l’étendue de sa domination ; il ne pouvait alimenter long-temps de si nombreuses et si grandioses expéditions. D’un autre côté, la race héroïque des premiers conquérants devait être promptement remplacée par une autre race d’hommes nés en Asie, amollis par l’abondance de toutes choses, énervés