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ignorants du commerce comme de toutes choses, voyaient avec faveur ces marchands étrangers qui au besoin se laissaient rançonner. L’ignorance et la cupidité les conseillaient en cela aussi bien qu’eût pu le faire la plus habile politique. Mais les Portugais ne dissimulèrent bientôt plus leurs projets : au moyen de leurs escadres, de leurs citadelles élevées çà et là, ils manifestèrent l’intention de s’emparer du golfe de Perse et d’Arabie ; c’était par cette voie que plusieurs contrées de l’Orient, une partie de l’Afrique et l’Europe entière avaient reçu jusqu’alors les produits de l’Inde. Ils voulaient se réserver le privilège d’amener eux-mêmes en Europe ces riches marchandises par la voie du cap de Bonne-Espérance, dont ils étaient les maîtres. L’exécution de ce projet était la ruine de l’Égypte et de Venise. Venise, que la ligue de Cambrai venait de mettre à deux doigts de sa perte, n’hésita pas à venir au secours de l’Égypte, ou, pour mieux dire, d’elle-même. La découverte du cap de Bonne-Espérance la menaçait d’un coup plus terrible que ceux auxquels elle venait d’échapper. Elle expédia en grande quantité à Alexandrie des bois de construction, du fer, des cordages, etc. ; d’Alexandrie ces matériaux furent transportés par le Nil au Caire, et du Caire à Suez à dos de chameaux. Des ouvriers européens, qui les avaient devancés, en construisirent quatre vaisseaux de haut bord, un galion, deux galères et trois galiotes. Cette escadre mit à la voile en 1507, impatiente de rencontrer les dominateurs de ce