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ailleurs leurs riches cargaisons. Ce ne fut que plus tard (en 1521), qu’ils établirent un comptoir à Tidor, puis, deux ans après, une forteresse à Ternute. Les gouverneurs de ces nouveaux établissements ne furent point heureux : le premier d’entre eux, Pereira, fut assassiné par des gens que sa sévérité blessait sans qu’ils osassent se flatter de l’intimider ou de le corrompre. Parmi les successeurs de Pereira se trouva Antoine de Galvana, homme de guerre, hardi et entreprenant, toujours en action, et pendant un temps toujours heureux. Son intégrité et sa modération étaient telles, que les habitants de ces îles lui offrirent la couronne ; il préféra retourner en Europe, où d’avides créanciers le firent mourir dans un hôpital. On retrouve dès ce moment le commencement de cette sanglante ironie où l’Europe sembla depuis se complaire à poursuivre par la misère, les humiliations, la mort même, ceux de ses enfants qui à l’Orient, à l’Occident, lui découvraient, lui conquéraient de nouveaux mondes.

Au bruit des conquêtes merveilleuses des Portugais dans l’Orient, Venise s’éveilla. Depuis long-temps Venise jouissait, par l’intermédiaire de l’Égypte, du monopole du commerce de l’Orient avec l’Europe ; elle possédait à Alexandrie de grands établissements et de nombreux agents de commerce. Les mamelucks, qui s’étaient emparés du gouvernement de la riche contrée, esclaves tirés de la Circassie, dressés dès l’enfance aux combats,