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taient de s’affranchir, par le secours des Portugais, du tribut qu’ils devaient au Zamorin. Ces dispositions des esprits, surtout la supériorité de leurs armes et de leur tactique, donnèrent bientôt aux Portugais une grande prépondérance politique. Sur toute l’étendue de la côte de Malabar il n’était aucun prince qui ne recherchât leur alliance ; aucun ne l’obtenait qu’à la condition de se déclarer vassal de la couronne de Portugal, et de permettre la construction d’une citadelle au sein même de sa capitale. Le prince devait en outre livrer ses marchandises aux prix fixés par ses nouveaux alliés. Un petit nombre de Portugais suffisait à dissiper une armée nombreuse ; un seul de leurs vaisseaux dispersait une escadre des frêles navires de l’Orient. Les Portugais devinrent ainsi les maîtres, les souverains de toutes les contrées qu’ils découvraient. Tout navire étranger ne put naviguer dans ces mers nouvelles qu’avec leur permission, et des vaisseaux richement chargés des produits de l’Orient arrivaient incessamment à Lisbonne où Europe entière venait s’approvisionner. Ce moment fut pour le Portugal l’apogée de sa grandeur.

Goa devint alors le centre de cette domination portugaise dans l’Orient. Cette grande cité appartenait au subah du Decan ; mais Idalcan, un rajah indou, profitant de la faiblesse du gouvernement central, l’en avait détachée et s’était rendu indépendant. Albuquerque, saisissant le moment où le rajah était absent, se présente devant la ville et