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ignora jusqu’au dernier instant toutes ces mesures. À l’arrivée de Godeheu, il ne se dissimula pas la profondeur de l’abîme qui s’ouvrait tout-à-coup pour engloutir et sa propre fortune et celle de la France ; il conserva néanmoins toute sa sérénité, toute sa liberté d’esprit, toute la dignité de ses manières. La guerre avait momentanément absorbé toutes les ressources financières de la Compagnie ; depuis long-temps Dupleix la faisait à ses dépens ; il était en avance d’environ 13 millions vis-à-vis de la Compagnie, tant de son propre argent que d’argent emprunté en son nom et sous sa garantie particulière. Godeheu nourri de préjugés contre Dupleix, ne connaissait les affaires de l’Inde qu’au point de vue purement commercial ; il s’effraya de cette situation, et laissa paraître fort hâtivement un grand désir de la paix, ce qui acheva de mettre le comble aux avantages que possédait déjà sur lui Saunders, son adversaire.

Les négociations n’étaient pas encore commencées lorsqu’arriva la flotte commandée par l’amiral Watson : elle était composée de trois vaisseaux de guerre et d’une chaloupe canonnière, et portait un détachement considérable de troupes. Les Français reçurent à la même époque un renfort d’environ 1,200 hommes. Les deux armées, rentrant en campagne à cette époque, se seraient trouvées de forces égales ; mais la préoccupation de la paix s’était définitivement emparée de l’esprit de Godeheu. Il adressa à Saunders des propositions tellement