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commençait à devenir critique ; les rations avaient été continuellement diminuées depuis le commencement du siège, et le moment arrivait où elles menaçaient de manquer tout-à-fait. Les Cipayes firent alors un trait qui fait à la fois le plus grand honneur à eux, et à Clive, qui avait su leur inspirer tant d’abnégation d’eux-mêmes et de dévouement. Ils se présentèrent un jour à ce dernier, et lui dirent : « Donnez le riz aux Anglais, nous nous contenterons de l’eau où il aura bouilli[1] ».

Rajah-Saheb ayant appris la démarche de Clive auprès des Mahrattes, voulut en prévenir le résultat ; il somma Clive de se rendre, le menaçant, en cas de refus, de passer la garnison au fil de l’épée ; Clive répondit ironiquement qu’il croyait Rajah-Saheb un trop habile général pour oser donner l’assaut avec d’aussi mauvaises troupes. Les Mahrattes, fidèles à leurs promesses, essayèrent de pénétrer dans le fort ; ils ne purent y réussir, et se bornèrent à piller quelques maisons de la ville. Rajah-Saheb n’en fit pas moins tout préparer pour l’assaut dont il avait menacé Clive. Le 24 novembre, jour anniversaire de la mort de Hassan, est demeuré une grande fête parmi les musulmans ; ils la célèbrent avec force cérémonies religieuses, s’enivrent en général du jus d’une plante nommée bang, qui les étourdit et les jette dans un état d’exaspé-

  1. V. Malcolm, Vie de Clive, t. I. — On sait qu’il reste toujours quelques particules de riz dans l’eau où il a été cuit.