Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/502

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ayant rassemblé une bande de petits vauriens de son âge, qui le reconnaissaient pour chef, il imagina de mettre à contribution toutes les boutiques de la ville, soit en gros sous, soit en friandises, sous la condition de s’abstenir de briser leurs carreaux ou leurs volets, de frapper à leurs portes, etc., etc. À l’âge de dix-neuf ans, nommé écrivain en même temps que Orme, qui devait devenir son historien, il se rendit dans l’Inde, où sa jeunesse fut orageuse et tourmentée, grâce à une grande violence de caractère et à une humeur souvent noire et mélancolique. Peut s’en fallut qu’après avoir encouru plusieurs fois le déplaisir de ses chefs, il ne se vît dans l’obligation de quitter le service de la Compagnie, situation pénible pour lui, qui n’avait alors aucune ressource de fortune. La résolution de se défaire de la vie se présenta alors, à ce qu’il paraît, plus d’une fois à son esprit. Un jour qu’il était dans sa chambre, en proie à un accès de sombre tristesse, plusieurs de ses jeunes compagnons entrèrent tout-à-coup ; l’un d’eux prit sur un meuble un pistolet qui s’y trouvait, et, par manière de jeu, le tira par la fenêtre. Clive, assis auprès de sa cheminée, jusqu’à ce moment avait gardé un morne silence ; à ce bruit, sortant tout-à-coup de sa rêverie, il se lève en s’écriant : « Dieu veut quelque chose de moi ! deux fois ce matin j’ai lâché le chien de ce pistolet, le bout du canon appuyé sur mon front… »

Clive se trouvait à Madras quand cette ville fut