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pas de même des finances de Mahomet-Ali : ses économies étaient épuises, et la perception de ses revenus arrêtée de tous côtés. Ce moment critique réclamait une résolution vigoureuse ; alors un jeune officier, naguère écrivain à la Compagnie, Clive se présenta tout-à-coup dans le conseil, et après quelques difficultés parvint à se faire écouter. « Nous sommes, dit-il, les plus faibles sur la défensive, prenons hardiment l’offensive. Au lieu d’attendre Chunda-Saheb dans Tritchinopoly, allons l’attaquer dans Arcot, qu’il a laissé sans défense ; nous créons ainsi la plus puissante diversion en faveur de Mahomet-Ali. » Tant il est vrai qu’il appartient aux circonstances difficiles de manifester les hommes éminents.

Clive, dont le commencement de la carrière peut être fixée à ce moment, était fils d’un gentleman de fort médiocre fortune dans le Shropshire. Dès l’enfance, il se montra hardi, impatient du frein, de tout contrôle. Le souvenir de plusieurs traits de sa première enfance nous a été conservé, et le reste de sa vie y donne quelque intérêt. La petite ville de Market-Drayton, où sa famille habitait, a un clocher très élevé, terminé par une tête de dragon en pierre ; un jour, les habitants virent avec autant de surprise que de terreur, le jeune Clive à cheval sur la tête du dragon, battant des jambes, et paraissant fort à l’aise et fort insouciant de la situation périlleuse où il se trouvait. À Market-Drayton, on racontait encore un autre trait de l’enfance de Clive :