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glacis, les met en déroute, s’empare de leurs canons, fait sauter une des portes à l’aide d’un pétard, et à la tête des siens pénètre dans l’intérieur de la ville. Les Français se barricadent dans les rues, où ils reçoivent pendant le reste de la journée le feu des trois forts. La nuit venue, se divisant en trois corps, ils escaladent en même temps les trois montagnes, enlèvent à la baïonnette les forts détachés qui se trouvent sur leur chemin, et parviennent aux sommets. Là étaient des fortifications plus redoutables ; ne se décourageant pas cependant, ils attachent des pétards aux portes, les enfoncent, et au point du jour se trouvent les maîtres des trois montagnes. Alors, dit-on, les vainqueurs contemplant au grand jour et de sang-froid les obstacles qu’ils avaient surmontés pendant la nuit, s’en étonnèrent, et pour ainsi dire s’en effrayèrent.

À la nouvelle de la prise de Gingee, le nabob, sortant enfin de son apathie, comprit qu’il était temps d’arrêter les progrès des Français. Mais il ne pouvait prendre sur-le-champ l’offensive. À son arrivée à Arcot, il avait dirigé une partie de ses troupes sur Golconde ; il avait aussi congédié une partie des petits rajahs qui l’avaient rejoint avec leurs contingents de troupes, et il se trouvait dans l’obligation de les rappeler avant d’entrer de nouveau en campagne. En attendant, il voulut essayer la voie des négociations, et envoya deux députés à Pondichéry. Dupleix se montra plus que jamais difficile sur les conditions d’un arrangement ; il