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leur poste, à recevoir sans broncher le choc de l’ennemi. Au centre de l’armée flottait le grand étendard du Carnatique.

Les troupes de Murzapha-Jung et de Chunda-Saheb, avaient déjà franchi les retranchements ; elles s’avançaient derrière le corps français, prêtes à le soutenir. Le nabob apprend que son fils aîné, Maphuzi-Khan, vient d’être enlevé par un boulet de canon, que le désordre se met dans son aile droite commandée par ce prince. Au même moment il aperçoit l’étendard de Chunda-Saheb, l’auteur de cette journee, celui qu’il regarde comme le meurtrier de son fils ; la douleur, la haine, la vengeance, font bouillonner dans ses veines ce que l’âge y a laissé de sang : il ordonne au conducteur de son éléphant de se précipiter à travers les rangs ennemis sur l’éléphant de Chunda-Saheb. Le conducteur obéit. Mais entre le nabob et Chunda-Saheb se trouvait le bataillon français, dont il lui fallut essuyer tout le feu ; une balle l’atteignit au cœur et le renversa roide mort aux pieds de son éléphant. À cette vue, ce qui ne manque jamais d’arriver en semblables circonstances aux armées indoues, l’armée du nabob se débanda et prit la fuite. Les troupes de Murzapha-Jung et de Chunda-Saheb n’eurent plus qu’à tailler en pièces une masse de fuyards n’opposant nulle part la moindre résistance. Quatre des principaux officiers du nabob se trouvèrent parmi les morts. Le nabob, tombé à quelques pas du front de sa propre armée, était d’un âge qui probablement