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de ce dénouement, se hâte de se rendre auprès du vieillard. Mais la maladie de Nizam-al-Mulk n’était qu’une feinte : à peine Nazir-Jung a-t-il mis le pied dans la tente de son père, qu’il est arrêté et chargé de chaînes. Nizam-al-Mulk traîna plusieurs années ce fils rebelle à sa suite ; au bout de ce temps, soit qu’il crût au repentir de Nazir-Jung, soit qu’il imaginât l’avoir suffisamment châtié, il lui rendit la liberté. Nazir-Jung, devenu sage depuis ce temps, se trouvait auprès de son père lorsque celui-ci mourut ; l’armée avait l’habitude de lui obéir, son frère aîné était absent, ses frères cadets étaient insignifiants, l’empereur trop faible ou trop loin pour mettre quelque obstacle à son ambition ; en conséquence Nazir-Jung ne rencontra aucune difficulté à se faire proclamer subahdar du Deccan.

Dans l’Indostan, les intérêts de la politique et de l’ambition ne rendent que trop souvent les fils, dès qu’ils sont parvenus à l’âge viril, les ennemis de leurs pères ; aussi la tendresse de ces derniers se réfugie-t-elle presque exclusivement sur leurs petits-enfants. Parmi les petits-fils de Nizam-al-Mulk, l’un d’eux, nomme Hidayet-Mohi-ad-Dien, né d’une fille que déjà il préférait, était devenu l’objet presque exclusif de sa tendresse ; ce jeune homme ne quittait jamais les côtés du vieillard. Le bruit se répandit qu’au moment de rendre le dernier soupir Nizam-al-Mulk l’avait désigné comme son successeur dans le subah du Deccan.