Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/461

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blessé. Il refusa d’abord les soins des Anglais, et ne voulut point se laisser panser ; voyant cependant qu’on se préparait à user de violence, il se résigna. À peine fut-il seul qu’il arracha l’appareil de ses blessures ; il fallut le faire surveiller par quelques personnes pour l’empêcher de se détruire. On le transporta dans un quartier éloigné du fort, où il était plus facile d’avoir soin de lui. Il feignit pendant trois jours entiers la plus extrême tranquillité, et semblait avoir renoncé à tout dessein funeste. La troisième nuit, ses gardiens, qui le virent endormi, crurent pouvoir s’éloigner quelques instants ; ce sommeil était feint : à peine furent-ils sortis que le Tanjoréen, se levant, se saisit de la lampe et mit le feu à un tas de broussailles et de bois secs qui se trouvait dans la cabane. Le bâtiment comme la plupart de ceux du pays était construit en nattes et en jonc ; la flamme le dévora rapidement ; l’officier n’était plus qu’un amas de cendre et de charbon quand il fut possible de pénétrer jusqu’à lui. Le guerrier échappé aux périls du champ de bataille était devenu martyr de sa croyance ; il avait préféré la mort à une vie à jamais souillée à ses yeux par l’attouchement des Européens. Effrayé de la chute de Devi-Cotah, le roi de Tanjore se montrait disposé à traiter de la paix : après quelques négociations, elle fut conclue. Le roi céda aux Anglais le fort de Devi-Cotah, avec un district d’un revenu annuel de 9,000 pagodes ; il s’engageait, de plus, à rembourser les frais de la guerre et à accorder à Sahojee une