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minis- un projet qu’il avait nouvellement médité pour l’anéantissement de la marine et des établissements des Anglais dans l’Inde. Il prit passage sur un bâtiment hollandais ; mais la guerre ayant éclaté récemment entre l’Angleterre et la Hollande, ce bâtiment fut pris et lui-même conduit à Londres. La cour de l’amirauté le reçut avec la distinction la plus marquée ; toutes les classes de la population l’accueillirent avec les marques les moins équivoques d’enthousiasme et d’admiration ; on lui donna pour prison la ville de Londres. Il fit sa cour au roi, reçut la visite des ministres et des plus grands personnages de l’époque ; tous lui témoignèrent à l’envi la reconnaissance nationale pour la conduite pleine de noblesse et de générosité qu’il avait tenue à Madras. Le prince de Galles se fit remarquer entre tous par les marques de considération dont il se plaisait à entourer l’illustre prisonnier. L’ayant présenté à la princesse sa femme, ce fut avec ces paroles : « Madame, je vous amène celui qui nous a fait tant de mal. — Ah ! monseigneur, s’écria La Bourdonnais, ne m’annoncez pas ainsi, vous allez me faire regarder avec horreur. — Ne craignez rien, répondit le prince, on ne peut qu’estimer un sujet qui sert bien son roi et fait comme vous la guerre en ennemi généreux autant que brave et habile. » La Bourdonnais, malgré tous ces témoignages d’estime, de sympathie, d’admiration, n’en éprouvait pas moins le plus vif désir de revoir la France.