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spectacle inexplicable naît de cette disposition des esprits. Ce n’est pas sur les champs de bataille de l’Indostan, c’est en Angleterre, devant le parlement, que les fondateurs et les continuateurs de l’empire ont à soutenir leurs plus terribles luttes. À peine de retour en Angleterre, Clive voit suspendue sur sa tête une accusation qui ne doit plus cesser de le menacer. « Prenez ma fortune, s’écrie-t-il en plein parlement, mais laissez-moi l’honneur. » Mot héroïque qui le sauve, c’est-à-dire lui permet d’aller mourir à quelques pas, de douleur et d’amertume de cœur. Warren Hastings passe dix années de sa vie dans le long supplice d’un procès qui menace son honneur et engloutit sa fortune. Wellesley, qui achève et consolide l’œuvre de ces grands hommes, pendant la plus grande partie de sa vie est l’objet de l’injustice et de la calomnie. Il est obligé de se survivre en quelque sorte à lui-même, pour voir luire le jour de la justice. C’est par la génération qui succède à la sienne qu’elle lui est à la fin rendue.

Le ministère défend à plusieurs reprises ces hommes éminents ; il le fallait, car la nature des choses, leurs actes et les siens, se liaient parfois nécessairement. Mais, le plus souvent, il est le premier à les condamner ; il se déclare avec autant de force que l’opposition contre toute acquisition territoriale dans l’Inde. Quand il s’agit de condamner, de dé-